Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
N'oublie pas d'arroser l'olivier
N'oublie pas d'arroser l'olivier
N'oublie pas d'arroser l'olivier
Visiteurs
Depuis la création 9 050
16 novembre 2011

Libres femmes de Libye

Ras Beyrouth, un matin gris souris en pleurs. Un café. Elle est là. Une grande brune aux cheveux longs. Elle m’attend. Droite. Elle pourrait être libanaise, égyptienne ou italienne. Elle est libyenne. Une compatriote. Née à New-York. Exilée comme des milliers de femmes. Je ne l’ai jamais vue. Je ne sais rien d’elle. Elle me reconnaît. L’appel de Tripoli. Je suis émue. Un peu fébrile. Parfois méfiante. Je repense à ces neufs mois qui viennent de s’écouler. Intenses. Electriques. Ils ont bouleversé nos vies, nos certitudes, nos peurs. La Révolution libyenne. La guerre. Des morts par milliers. Les frappes de l’Otan. La libération de Tripoli. La disparition du monstre. Un accouchement dans la douleur sans péridurale ni rachidienne. Le chaos. Le peuple libyen armé jusqu’aux dents prêt à se défendre. La vie se réorganise. Les femmes sortent de l’ombre. Elles sont avocates, médecins, architectes, professeurs, mères au foyer. Elles sont bien là. Un discours qui dérape. Il viendra à peine ternir notre vague de joie. Notre détermination d’aller vers la lumière. Elle me parle cette femme là. Des récits de femmes rencontrées au Caire. Elle me raconte leurs larmes. Chaque histoire est unique. Les quarante deux ans de malheur. Les séparations. Les traumatismes. L’Alzeheimer généralisé de tous les libyens. Les changements de trottoirs à chaque libyen croisé. Les mensonges. La terreur qui serre nos tripes. La suspicion. Tous des espions à la solde de M le maudit. La paranoia cultivée jour après jour, année après année. Puis, un jour de février 2011 le mur qui tombe, écroulé, pulvérisé, explosé…Je peux enfin la regarder elle, la libyenne en face de moi dans ce café à Beyrouth. Je lui raconte. Je suis libre. Je n’ai pas peur. J’aime mon petit drapeau rouge, noir et vert accroché à gauche de mon cœur qui n’en finit plus de pleurer cet exil interminable. Je veux désormais me battre moi aussi pour un avenir meilleur. Relever la tête et être fière d’un pays qui n’a existé qu’à travers un tyran. Les libyens et les libyennes sont dorénavant des citoyens à part entière. Et je ne laisserai personne plus jamais personne piétiner nos droits les plus élémentaires et bafouer notre dignité.

 

 

Publicité
Commentaires
Archives
Publicité
Publicité