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N'oublie pas d'arroser l'olivier
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15 février 2012

La Révolution libyenne : 17 février 2011


« .. La terrible impuissance où se trouve tout homme de partager vraiment une douleur qu’il ne peut pas voir. » Albert Camus - La peste -

 

C’est une très mauvaise grippe. Une influenza. Une infection qui a contaminé tout le bassin méditerranéen. Une propagation à la vitesse du sable. Les antibiotiques sont en rupture de stock en Libye. Le directeur du port de Tripoli a bloqué les navires. Il est parti boire son thé vert aux cacahuètes. C’est cet instant précis qu’ont choisi les rats prisonniers des cales pour s’échapper. Ils se sont réveillés de leur long sommeil. Beaux rongeurs des déserts assoupis.

Lobotomisés depuis quarante deux ans. Un Alzheimer généralisé. Un cancer incurable. Une sclérose en plaque. Le silence des braves. Opprimés. Ecrasés. Broyés. Humiliés. Gommés. Effacés. Inexistants aux yeux du monde. Invisibles. Des passes murailles aux têtes baissées. Ils ont traversé toutes les frontières. Clandestins sans domicile fixe. Condamnés sans crimes. C’est juste l’histoire de quelques milliers d’âmes qui ont croisé malgré eux à l’aube d’un 1er septembre 1969 le chemin d’un tyran. Je refuse de le nommer. Ecrire son nom sur ma page vierge serait irrespectueux pour toutes ses victimes. Le sang versé. Les larmes des veuves. Le regard des orphelins. Le corps pantelant des étudiants étranglés. Injustement. Sans procès. Arbitrairement. Je tremble à la vue de son visage bouffi. Déformé par la folie. Un Parkinson difficile à contrôler. Il a dit : Qui êtes-vous ? C’est vrai. Qui sommes-nous pour avoir osé le défier ? Des matricules. Evadés d’Alcatraz. Papillons de Cayenne. A mon tour de lui demander : Qui es-tu ? Un vulgaire bandit de grand chemin ? Un idéaliste qui s’est perdu ? Pourquoi as-tu fait pleurer mon père ? Au nom de quoi as-tu privé les petits libyens de chocolat ? Ils disent que tu es fou. Non. Ce serait mépriser les vrais malades qui souffrent. Etiquettes et clichés. Tu ne mérites pas toute l’encre qui coule sur toi. Nous n’avons plus rien à apprendre. Tout est dit. Game over.

Jeudi 17 février 2011. La sonnerie de la cour de récréation retentit. C’est l’heure du goûter. Les hirondelles libyennes viennent d’atterrir sur l’asphalte. Alignées comme les soldats de plomb. Elles attendent en souriant. C’est le début de la Révolution libyenne.

Tahani Khalil Ghemati

( Extrait du Citronnier de mon père à paraitre prochainement.)

 

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