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N'oublie pas d'arroser l'olivier
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7 mars 2012

La Suisse aux rides craquelées

La troisième guerre mondiale est annoncée. C’est ma petite sœur qui me l’a dit. Elle le sait de source sûre. C’est son maraicher de la place. Il en est certain. La crise. Un tic et tac vulgaire et dérangeant. La misère des autres. La détresse impudique. Les guerres à la fois lointaines et si proches des pays civilisés. C’est arrivé près de chez vous. Ecœurant. Nauséeux. Apeuré.

Chronique d’une mort qui n’en finit plus de tuer. Agonie à petit feu. Malheurs consumés. Tout le Moyen-Orient s’embrasera. Un tsunami de réfugiés envahira l’Europe. Incontrôlables. Ingérables. Misérables d’un Victor version 21 ième en école buissonnière.  Mais qu’allons-nous faire de tous ces évadés d’un Alcatraz oriental ? Abandonnés par des dictateurs en cavale et déchainés. Assassinés. Torturés. Violés dans leurs droits les plus élémentaires. Homs pleure. Elle enterre ses morts et évacue ses blessés étrangers. Les autres restent. Ils n’ont pas le choix. Résister ou mourir. Homs c’est le Misrata libyen désormais. Bernard Henri Levy est en grève. Il a disparu des écrans radars. C’est le nouveau casque bleu pour les élections en Libye peut-être.

La Suisse est inquiète. Ma terre d’adoption que j’ai quittée après plus de trente ans de fidélité. Ingrate et déchirée. J’ai choisi de suivre un homme amoureux du Levant. J’ai planté ma plume dans un Liban à peine apaisé. Il m’a ouvert ses bras frileux et méfiants. Trop de guerre nuit.Exil interminable commencé dans un désert kidnappé par des sans foi ni loi. Des voyous qui ont croisé le chemin d’un peuple maintes fois envahi. Ottomans. Anglais. Italiens.

Ma Suisse a peur. Elle tremble pour son paradis jalousement préservé. Pourtant il ne  m’arrivera à peu près rien. Je sais que chaque matin sera similaire à celui d’avant hier. Que le sapin au bout du chemin nécessitera un référendum pour le déloger. Qu’il faudra payer à chaque pas foulé. Même l’erreur de recyclage sera facturée. C’est la faute à pas trop le choix. Entrer dans le rail. Résider. Se mouler. Copuler. Ou mourir. D’ennui. Peut-être de tristesse. Par manque d’odeur juste un peu polluée. De sueur. De kérosène légèrement frelaté. J’ai oublié cet automate qui ouvre le robinet d’eau de ces alpes à peine vierges. La main tendue qui boit sans se poser de questions. Les fruits et légumes croqués sans passer par la case désinfection. La chasse aux toilettes  poussée sans état d’âme pour le papier enfilé. Le zéro déchet sur les trottoirs. Les passages piétons dessinés avec une précision déconcertante. Le respect à les traverser. Les radars qui ne pardonnent pas le laisser-aller terriblement humain. Le silence. La police discrète et omniprésente. Le voisin qui sommeille au rythme du berger.

Sur ce beau chemin qui sépare le chalet suisse de mon amie et les autres il y a une petite descente insignifiante et fragile. Elle relie le cœur insolent du village aux autres sages home sweet home. Utile pour tous ceux qui ne peuvent pas faire le tour. Un petit raccourci tracé par le hasard d’une nature espiègle et coquine. Le prix à payer. Celui des seigneurs sur les manants de passage. Le droit de passer. Numéro de code : 1884 A. En bas. En haut. Sur les côtés. Portail électrisé. Il ne manque que les milices armées jusqu’aux dents. Quelques misérables mètres à parcourir. La propriété privée. Défense de traverser sous peine d’amende. Intimidation dérisoire pour la libyenne que je suis. Spoliée par un dictateur enfin liquidé. Je décide de donner à ma petite de six ans une leçon de mémorisation de code. Je lui recommande de le diffuser à toute l’école de ski suisse ainsi qu’à tout le village. Zorro et Robin des Bois déguisés en libyenne en terre helvétique. C’est plus fort que moi. Trop de sécurité nuit à ma liberté de passage. Je me suis trop battue pour l’obtenir. Colons argentés en terre suisse. Vente d’âmes à un diable passager d’un chemin acheté.

Je soupire. Je rêve face à ces alpes suisses à mon désert volé et dérangé. Impunément. Sans droit de code. Juste celui des guerres organisées par des hommes sans matricule. Comment en sommes-nous arrivés à autant de nuisance médiocre ?

Je n’ai pas de réponse. Je suis jalouse et révoltée. Je suis triste pour notre Moyen-Orient qui vibre. Hystérique. Désordonné. Explosé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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