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N'oublie pas d'arroser l'olivier
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14 avril 2012

Je t’écris

oiseaux2

«  Je vous la demanderai demain avec des gants d’argile rouge au fond du puits. »

Marcel Pagnol – La fille du puisatier -

Je t’écris à toi depuis cette maison qui ne m’appartient pas. Elle est là en bordure d’une route flanquée de jeunes qui sirotent des bières et fument le narguilé. Son corps est vêtu d’une courte robe de soie blanche. Ses yeux sont bleus grec. Sa chevelure est charbonnée. Ses bras sont si grands que l’on peut s’y attarder. Un soir de crépuscule. Une aube d’insomnie. Une nuit d’amour. Un matin de chagrin. Ces jours où les amants infidèles sont partis rejoindre d’autres lèvres. Son cœur aux sanglots étouffés continue à battre. Il est ouvert comme ses veines à peine pansées. Elles claquent au gré des caresses d’un vent capricieux. Et des paupières engourdies. Je t’écris pour te raconter l’histoire de cette femme. Que tu aimé. Il y a très longtemps sur une sonate de Rachmaninoff. Torpeur et moiteur. Sous une moustiquaire alvéolée. Chairs faibles et vulnérables. Pièces rapiécées. Patchworks de vies rafistolées. Des vagues écrasées sur des rochers aux pics aiguisées. Tourmentées et déchainées. Les volutes d’une cigarette consumée. De ce café pris avec ce regard encore humide. Crédule et amoureux. Pieds nus. Etonnés et reposés. Sieste au rayon de soleil brûlé. Persiennes closes. Lumière infiltrée. Voleuse et espionne d’amours clandestines. Je t’écris depuis ce souvenir lointain. D’un rendez-vous pris sur cette place face à un opéra connu. A Paris. Un soir d’hiver égaré. Une femme. Un homme. Remake d’un Lelouch à la sauce citronnée. Une tige persillée. Quelques olives noires. Un peu d’ail. De l’arak. L’œil bleu turquoise. L’oubli. Le petit nuage malin. Le Ne me quitte pas au vestibule. Le je te quitte quand même. Au nombre inavouable.Je t’écris pour ce temps écoulé beaucoup trop vite. Aux vers rongés chaque jour un peu plus. A la colère et la fureur qui nous dévorent à chaque fois de tristesse et de lassitude. A cette musique de Verdi hurlante et trépidante. Altos et basses explosées. Comme notre amour hystérique. Chaloupé. Oscillé. Exilé. Souvent pris en otage. Casta Diva en terres inconnues. Elle chantera. Ce déchirement. Cette détresse toujours aussi inconsolable. La mélancolie de l’irréversible.

 

Tahani Khalil Ghemati

Beyrouth le 14 avril 2012

 

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