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N'oublie pas d'arroser l'olivier
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15 mai 2013

Serions-nous tous atteints du syndrome de Stockholm ?

Si les individus peuvent agir librement avec spontanéité, s’ils ne connaissent pas d’autre autorité que la peur, le résultat final ne sera-t-il pas l’anarchie ? Erich Fromm

 

Tunisie, Egypte, Libye. Trois pays voisins avec pour similitudes la chute de tyrans impitoyables. Le premier a pris ses jambes à son cou direction l’Arabie Saoudite. On ne l’a plus revu. Le deuxième assigné à résidence dans son propre pays a réapparu en position horizontale pathétique sur une civière lors de sa comparution au tribunal. Quant au troisième lascar malgré l’application de tous les plans A, B et C énoncés par son fils le glaive, il a été retrouvé dans une bouche d’égout non loin de sa ville natale et a été étripé, sodomisé et achevé par une foule en surchauffe mortelle.

Deux ans viennent de s’écouler. Chaos. Attentats. Emergence de groupuscules extrémistes de tous bords. Insécurité. Armes en circulation libre. Au secours ! – Démocratie ! Ton café fout le camp ! Le chemin à la conquête de nos libertés élémentaires s’annonce sinueux, complexe, confus et embrouillé. Chaque jour sur les réseaux sociaux, les complaintes de citoyens arabes dépités, déçus ou affligés s’affiche comme des cris d’alarme avec un sentiment d’impuissance et de frustration. Avec l’apparition d’une nouvelle névrose : le regret d’une dictature gage de stabilité et de sécurité. Sidérant de paradoxes mais aussi révélateur de la schizophrénie de nos sociétés arabes en souffrance. Peut-être nous n’étions pas encore prêts ? Peut-être qu’il faudrait enclencher la marche arrière ? Regarder dans le rétroviseur du passé juste l’espace d’une seconde. L’homme a cette capacité épatante de décider d’un Alzheimer sur commande et de s’y complaire. Ainsi, dans le cas des citoyens qui ont vécu quarante deux ans dans la terreur, la paranoïa, le silence, la soumission jusqu’à ne plus exister en tant qu’individus ; il y a encore des esprits qui avouent regretter ce temps là. Ces mêmes citoyens sans identité et représentés par un seul homme durant quatre décennies sont en train de sombrer dans la nostalgie au prix de leur sérénité. Un constat inquiétant et préoccupant sur l’état psychique de nos peuples. On a changé le drapeau mais c’est tout. Un leitmotiv assené à plusieurs reprises. Les mentalités sont restées tristement ancrées dans leur fosse avec ce refus entêté et absurde de changer sa tasse de thé au sachet Lipton. Allons-nous rester éternellement à mijoter dans notre formol ? Jusqu’à quand allons-nous servir de laboratoire expérimental à l’Occident ? Sommes-nous devenus aussi lobotomisés au point d’être des coquilles vides ? Aucune dictature quelque soit ne mérite d’être défendue ni soutenue ni même qu’on y pense avec un soupçon de nostalgie ne fusse que par respect pour tous les martyrs qui ont sacrifié leurs vies pour cette liberté d’être des individus à part entière. Essayons d’œuvrer et de résister à toutes ces épidémies qui affectent nos cerveaux avant de nous retrouver piégés et prisonniers dans cet énorme zoo qu’est devenu notre monde arabe.

 

Tahani Khalil Ghemati

 

Beyrouth le 15 mai 2013

 

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