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N'oublie pas d'arroser l'olivier
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20 août 2017

A nos souvenirs

Ecrire sur ton départ, c’est comme si c’était le valider. Le chagrin est encore trop vif et irréaliste pour pouvoir l’accepter.

Aujourd’hui, j’aimerais juste me souvenir de tous les instants à la douceur merveilleuse  passée au Liban ou ailleurs autour d’une table généreusement dressée. Ce Liban que tu as tant aimé malgré sa tragédie et que tu nous as fait découvrir avec ton regard passionné toujours prêt à nous conter des histoires.

Se souvenir de tes yeux rieurs et pétillants à la perspective d’un bon repas où tu étais le spécialiste de la kefta grillée dans ton four à pain là haut dans les montagnes du Metn. Se souvenir de cette jolie maison que tu avais rénovée avec tellement de passion. La maison familiale qui se réveillait en été dès que la chaleur devenait intenable à Beyrouth. Il y a eu aussi quelques Noël au coin du feu aux interminables déjeuners gargantuesques. Et des 31 décembre à confettis, chapeau melon et sifflets serpentins rose. Nos enfants disparaissaient à la chasse aux serpents ou dans le poulailler du jardin. Un joyeux bazar insouciant et heureux.

Ta famille si forte, le « clan » de Beit Mery dans les parages toujours prêt à une fête improvisée et les rires. Tu aimais rire et tourner en dérision jusqu’à l’agacement parfois les sujets sérieux. Je ne savais jamais sur quel orteil me fier et cela t’amusait de laisser planer ce doute. Je n’oublierai jamais cette blague matinale où tu t’es fait passer pour le commissaire du quartier qui procédait à un contrôle de séjour. J’étais terrorisée et toi tu jubilais de ta réussite. Il y avait aussi cette attitude un brin macho consistant à placer la gente féminine d’un côté et les mâles de l’autre mais toujours avec galanterie et le sourire du gosse ayant réussi son coup.

Elias, ton prénom a été choisi par ton frère et ami de cœur pour notre fiston. Cela aussi tu t’en amusais en disant : Tu vois, tu ne te débarrasseras pas aussi facilement de moi. Et on partait tous en un grand éclat de rire. Rire, on l’a peut-être trop aimé ce verbe car le couperet de la punition est tombé comme pour des écoliers indisciplinés. La punition. La maladie telle une vermine insidieuse a débarqué. Un tsunami de malheur qui s’est abattu sur nous tous, un cauchemar où toutes les prières semblaient vaines. Ton combat, ta dignité, ta force afin de continuer à t’accrocher à cette vie si généreuse mais qui pouvait reprendre sans crier gare ce qu’elle t’avait offert. L’injustice, la stupéfaction, la souffrance, la lutte et l’acceptation jamais résignée.

Lire et écrire. Deux verbes que tu aimais conjuguer en duo. Cet amour du verbe qui faisait partie de ton quotidien d’homme de loi. Je t’ai souvent écrit et tu m’as toujours répondu même dans les moments les plus durs de la maladie. Tu aimais commenter, conseiller, encourager. Un jour, tu m’as dit : N’arrête jamais d’écrire. Je t’ai écouté en continuant puis arrêté, recommencé et arrêté.L’inspiration n’étant pas toujours au rendez-vous au cœur des alpes helvétiques calmes et somnolentes.

Elias, nous te sommes infiniment reconnaissants d’avoir croisé un jour ton chemin parce que non seulement il y a eu tous ces rires désinvoltes et polissons mais parce qu’il y a eu aussi cet exemple d’humilité et de dignité qui nous ont grandi à la vitesse d’une étoile filante.

Tu resteras en nous parce que tu es nous comme nous sommes toi. C’est ainsi. Se débarrasser de toi c’est mission impossible !

Merci mon beau-frère de cœur pour tout ce que tu nous as donné avec tant de bonté.

Tu vas nous manquer furieusement.

Nous t’aimerons pour l’éternité.

Taha

 

 

 

 

 

 

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