La vie, cette garce canaille
" L'exil (...) c'est la fissure à jamais creusée entre l'être humain et sa terre natale, entre l'individu et son vrai foyer et la tristesse qu'il implique n'est pas surmontable." Edward W.Said - Réflexions sur l'exil -
Lieux de passages. Exils forcés. Errance. Solitude. Racines arrachées.Ailes brûlées. Trous béants. Puits sans fonds. Echos de voix qui hurlent. Tremblements. Cratères inconsolables. Il y a comme une odeur carbonisée sans cesse renouvelée. C’est l’homme en noir. Le petit démon sorti des ténèbres. Il vient me réveiller toutes les nuits. Il susurre à mon oreille. Je lui tourne le dos. Il insiste avec sa plume de paon volée. Lève toi. Paupières lourdes et pénibles. Retourne chez toi. Brumes d’anges. Lumières d’étoiles. Yeux froissés. Secs pour avoir trop aimé. Pleuré. Rêvé. Les fourmis attaquent l’extrémité de mes doigts. En file indienne, elles commencent lentement leur montée. Quelques rebelles s’infiltrent sous ma peau. Picotements. Veines offertes. Un festin en mode « take away ». Une musique évadée entre dans la danse. Le liquide rouge sang glisse dans le gosier assoiffé. Il est en terrain conquis. Rapidement il arrive à destination. Panique dans la fourmilière. Secouées, elles s’enfuient désordonnées. Incontrôlables. Aucun douanier à l’horizon. Libres, elles retournent à leur destin. Ecrasées ou tuées pour certaines. Corps apaisé. Douleur anesthésiée. Je peux enfin dormir jusqu’à la prochaine attaque…