Notre dignité arabe

"Il ne fait pas bon être arabe de nos jours. Pourtant, la situation n'a pas toujours été aussi tragique. Comment en est-on arrivé là ? Comment est-on parvenu à faire croire aux arabes qu'ils n'ont d'autre avenir que celui que leur destine un millénarisme morbide ? Comment a-t-on pu déconsidérer une culture vivante pour communier dans le culte du malheur et de la mort ?" 

Samir Kassir." Considérations sur le malheur arabe"

Il est parti avant les Révolutions arabes. Je passe souvent devant l’olivier planté face à ce supermarché au cœur de Beyrouth. Je pense à lui que je n’ai pas connu. Bel homme aux yeux de braise envolé trop tôt. Il restera jeune à jamais. Souriant. Gravé sur cette pierre. Il est vivant. Visionnaire puni. Il fait bon d’être arabe de nos jours. C’est la libyenne qui l’écrit. Fière d’être arabe. Enfin. Le soleil se lève pour nous. Crépuscule timide et aveugle. Tâtonnements d’une canne qui dérange la fourmilière assoupie. Ils partent tous déshordonnés. C’est parce que la maîtresse d’école a oublié de se lever un matin. Perdus dans les labyrinthes des vieux souks à la recherche d’un regard. Un sourire. Chaos de révolutions embryonnaires. Elles hurlent leur désespoir. Ventres vides. Soif d’une liberté méconnue. Enfants en perdition. Petits poucets arabes privés de cailloux. Ils ont été remplacés par des balles tuantes. Egarées.