Libye : Date de naissance le 17 février 2011
« Vivre sans espoir, c’est cesser de vivre. » Fiodor Dostoïevski
Les Cassandres sont déchainées. Hystériques et borderline dans leurs prédictions. La Libye continue à faire couler des rivières d’encre et de papier. Le sang pleure un peu moins. Garrot serré et salvateur. Equilibre éphémère et fragile. Rumeurs de guerre civile. Bureaux du Conseil National de Transition à Benghazi squattés par des mécontents. Incidents entre révolutionnaires. Démissions. Règlements de compte à Tripoli. Confusion à Bani Walid. Les pro-K sont de retour. Chaos. Débandade. Menaces de barbus mal lunés. Femmes déguisées en Fantômette. Le réveil froid d’un matin en panne de chauffage. Similitudes Irakiennes journalistiques. Amalgames. Confusion. Couscoussière au bord de l’explosion. C’est le chahut dans la cour de récréation. Mais où sont donc passés la maîtresse et son sifflet ? Peut-être quelque part en mission dans le désert de Libye à la recherche d’une grand-mère à qui elle doit expliquer les élections dans quelques mois…
Un an c’est l’âge où l’enfant commence à marcher. A quatre pattes. A deux. Il va tituber, trébucher, tomber, se faire mal puis un peu cabossé se relèvera pour repartir. Quarante deux ans sans état, ni justice ni égalité, aucun respect et des droits bafoués. Le royaume de l’arbitraire et des divisions dominantes. La peur et le silence pour compagnons. Des murs aux écoutilles bien ouvertes. La méfiance pour amis fidèles. La honte d’être libyens.
Donnez-nous le temps pour apprendre à relever nos têtes. Nous rencontrer. Se parler. Sans terreur et répression. S’apprivoiser autour d’un thé menthe aux amandes fraiches flottantes. Laissez-nous retrouver l’odeur enivrante du jasmin de nos jardins. Arroser nos oliviers. Cueillir les dattes de nos palmiers. Nettoyer nos rues. Préparer nos trottoirs. Décorer nos beaux sites archéologiques pour vous accueillir dignement.
Arrêtez de nous prédire des malheurs. Nous n’en voulons pas. Plus jamais. Le réveil après quarante deux ans de sommeil. Subi. Résigné.
Et à ceux qui me demandent encore aujourd’hui mais comment avez-vous fait pour dormir aussi longtemps ? Je réponds : je réfléchissais à l’avenir de mon pays…
Tahani Khalil Ghemati
Architecte libyenne et suisse